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des dènè tchippewayans

fidèles à payer le tribut ; mais enfin l’abondance affaiblissant la reconnaissance, ils n’apportaient plus que quelques langues à l’enfant, devenu grand comme les autres hommes de la tribu. Ce que voyant, Bé-tsun-Yénelchian dit à la grand’mère :

— Tu vois, grand’mère, c’est toujours la même histoire du temps passé, l’abondance nuit ; on m’oublie parce que l’on est trop bien. Je ne puis plus demeurer avec ce peuple, et si le tribut n’est pas payé rigoureusement, je l’abandonnerai.

Plusieurs années s’écoulèrent, et enfin le tribut, qui allait toujours en diminuant, était réduit à cinq ou six langues. Bé-tsun-Yénelchian dit alors à sa grand’mère :

— C’en est fait, je pars. Je n’abandonnerai pas tout à fait les Dènè ; mais je leur ferai sentir leur ingratitude.

La grand’mère voulut s’opposer à son départ. Elle le supplia même de ne pas abandonner sa nation.

— C’en est fait, répéta-t-il. Suis-moi, si tu le peux. Je pars.

Il partit en effet. La grand’mère, qui l’aimait beaucoup, tenta de le suivre ; mais comme elle était bien vieille, elle bronchait à chaque pas, et enfin elle fut obligée de s’arrêter.