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légendes

demeurais avec mes parents. Cependant, je suis fils d’un Français, moi, vous le savez. Mais ma mère est une femme Dènè qui ne parle que le Cris, et ma grand’mère est une Crise. Il y a donc trois sangs dans mes veines.

Alors les Français étant à peine arrivés, ils se dirigèrent vers la cabane de mon oncle Jacques Beaulieu.

— Chez vous, y a-t-il quelqu’un qui entende le français ? nous demanda-t-on.

— Sans nul doute ! leur répondit-on. Nous sommes tous ici Français ou fils de Français[1].

— Eh bien ! alors, toi, puisque tu es Français, tu nous serviras d’interprète, dit à mon oncle Jacques le grand chef des Blancs.

Or il y avait avec ces gens-là un Anglais qui comprenait, je crois, un peu le tchippewayan, mais pas très bien. Il se nommait James.

— Or sus, continua le grand chef des Blancs, rassemble donc tout le monde.

Mon oncle ayant convoqué tous les sauvages, il en vint une grande foule de tous les côtés du lac des Esclaves. Il vint aussi là beaucoup de

  1. Ceci est la meilleure preuve que, si Sir Alexander Mackenzie mérite l’honneur d’être appelé le premier explorateur du fleuve qui porte son nom, il ne le découvrit nullement, puisqu’il trouva dans cette région de vrais Français accompagnés de leurs enfants métis.