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légendes et traditions des cris

mari, la méchante femme mentit contre le jeune homme, son neveu, disant à son mari :

— Le fils de ma rivale a voulu me faire ceci et cela. Mais moi je n’ai pas consenti. Heureusement qu’il ne m’a pas touchée ; et toutefois, il m’a ensanglanté par tout le bas du corps en m’assaillant impudiquement. Vois donc par toi-même ce qu’il m’a fait.

Alors cet homme fut grandement en fureur contre le fils de l’autre femme ; et, transporté par la jalousie, il lui dit, le lendemain :

— Nous allons aller dans l’île en canot, mon fils.

Et ils se rendirent dans l’île[1].

Ils abordèrent dans l’île, et cependant le vieillard ne voulut pas débarquer. Il dit seulement à son beau-fils :

— Va, toi-même, et ramasses-y tous les œufs d’oiseaux aquatiques que tu y trouveras.

Le jeune homme, sans méfiance, ramassa donc les œufs et les porta dans la pirogue.

Lorsqu’il eut fini, le vieillard lui dit encore :

— Maintenant tu vas aller tout à la pointe de

  1. De quelle île est-il question dans cette légende et la précédente, c’est ce que les Cris eux-mêmes ignorent. Toutefois, je ferai remarquer que, à l’embouchure du fleuve Amour, où se trouve la grande île Saghalien, habitent les Tartes Ghiliaks dont le nom vrai est identique à celui des Algonquins, Khillini.