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légendes et traditions des cris

ne seraient pas parvenus à comprendre notre livre du bon Manito !

S’étant donc rendus au bord de la mer orientale, les Cris y retrouvèrent, en effet, leurs amis les Blancs. Mais ceux-ci s’y étaient établis. Ils y habitaient un grand nombre de belles maisons. Ils étaient riches en toutes choses ; ils regorgeaient de vêtements, de meubles, de provisions. Et toutes ces choses leur étaient venues par la compréhension de l’Écrit qu’ils tenaient des Killistino[1].

Les Cris regrettèrent alors de s’être départis de ce trésor. Néanmoins, considérant que le bon Manito, en leur donnant le livre, ne leur avait pas donné d’esprit pour le comprendre ni pour s’en servir, ils se consolèrent de sa perte dans l’espoir que les Blancs leur feraient part de ces richesses qu’ils devaient aux Cris.

Effectivement, il se fit des échanges entre les deux peuples, et les Cris s’en retournèrent satisfaits, après avoir donné aux Blancs de la viande boucanée et séchée, ainsi que des fourrures.

De longues années se passèrent avant que les Cris retournassent encore vers la mer d’Orient,

  1. Nom primitif des Cris. Plusieurs peuples de l’Amérique occidentale et de l’Asie orientale se nomment Kill, ou Killini, noms analogues à ceux des peuplades de race algique.