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légendes et traditions des cris

sous l’eau, finit par réapparaître avec la gueule pleine de vase.

Wissakétchak prit cette terre, en forma un petit disque, la pétrit, l’affermit, et plaça le disque sur l’eau, où il surnagea. Il ressemblait à ces petits nids ronds que construisent les rats musqués sur les eaux congelées. Le disque enfla et prit la forme d’un petit monticule de vase.

Wissakétchak souffla dessus, et à mesure qu’il soufflait, le monticule enflait et grandissait à vue d’œil. Après cela, le soleil l’ayant durci, cette terre forma un tout solide, sur lequel le magicien déposa les animaux au fur et à mesure qu’il y avait place pour eux. Enfin, il débarqua lui-même et en prit possession. C’est la terre que nous habitons présentement.

(Racontée par Xotsebes, Sambos Cris-Dènè,
du lac Froid, en 1880.)


    L’histoire ou conte de Wissakétchak continua en se fondant avec celle de Efwa-éké, des Peaux-de-lièvre. Il faisait souffrir tous les animaux, il causa la mort des bœufs en les essoufflant ; aux lynx, il aplatit la face ; il lia des renards par la queue et y mit le feu ; il produisit de l’amadou en faisant griller ses fesses ; finalement, il assembla tous les animaux dans une grande loge de médecine, puis il ébranla la loge, la fit s’écrouler, et, par sa chute, tua tous les animaux.

    Wissakétchak est donc à la fois le Noé et le Samson des Cris, peuplade hillèni.