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légendes et traditions

de serviteurs, et par ses guerres, il détruisit entièrement les Pygmées. De sorte que, au bout du compte, ils demeurèrent tous les deux seuls, se combattant l’un l’autre et cherchant mutuellement à se détruire.

Un jour que l’on se battait de part et d’autre, la belle femme L’atρa-tsandia, cause de cette rivalité, cachée derrière la portière de sa tente, considérait attentivement par une fente ce qui se passait au dehors ; car, dans la plaine, une foule d’hommes s’entre-tuaient pour sa possession. Chaussés de raquettes, ils se couraient sus les uns les autres. Kρwon-étan avait déjà tué son frère, et il avait résolu de faire un grand carnage de ses autres rivaux. Tout en se poursuivant, les combattants arrivèrent sur les bords d’une rivière que Kρwon-étan traversa. Mais son frère cadet l’avait traversée avant lui, et ses raquettes mouillées se couvrirent d’une glace tellement épaisse qu’elles en acquirent une grande pesanteur. Entravé dans sa marche, le guerrier tomba, et Kρwon-étan, survenant, le tua.

Le fils unique de l’Étranger sans feu avait grimpé sur la pente escarpée d’une montagne, et s’y tenait caché, de crainte que son père ne le sacrifiât également. Kρwon-étan l’y poursuivit armé d’un coutelas et s’assit sur la montagne, ayant son fils à côté de lui.