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légendes et traditions

— Ah ! le nerf de ma jambe s’est retiré, lui dit-elle ; j’en souffre trop. Pour toi, j’ai allumé du feu sous la tente. Que veux-tu de plus ?

L’Étranger sans feu se fâcha.

— Maîtresse, je vais dormir, lui dit-il. Quant à toi, va-t-en avec ton chien, et quand bien même ton fils pleurerait, ne reviens jamais plus par ici.

La malheureuse se leva, elle prit son chien, partit et s’en alla au loin, elle, la femme de son frère ! Elle marchait en pleurant, pressant sur son sein son petit chien. Ainsi elle marcha et chemina longtemps dans les terres stériles, dans les lieux dépourvus d’arbres, cherchant un peuple qui ne les tuât pas, elle et son chien. Elle erra ainsi tout l’hiver dans le désert qui n’a pas de sentier. Enfin manquant de tout et à bout de forces, elle se coucha pour mourir, et son chien avec elle.

Tout à coup un carcajou (d’autres disent un loup blanc, Pèlé) accourut vers elle. Il la secoua et la tira par les cheveux. Elle ne remua pas. Ce carcajou venait des bords d’un cours d’eau. À force de secouer la femme, il la tira de sa syncope. Elle se mit sur ses gardes, lança une pierre au glouton, l’atteignit à la nuque et le tua. De cette manière, elle se procura de la viande.

Puis, ayant suivi la piste de l’animal, elle