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des dindjié ou loucheux

De là, Atsina s’en alla au lieu où demeuraient les deux femmes de son frère aîné. Ces deux femmes étaient sœurs et logeaient au sommet d’une montagne, dans une petite tente. L’Étranger gravit la montagne, pénétra dans la loge et s’y assit.

— Femmes, dit-il aux deux sœurs, voici que je viens de parcourir toute la terre à l’aide de mon blanc vêtement en peau d’aigle. Tous les habitants en sont morts[1].

Il s’assit entre elles comme s’il eût été leur mari, et il leur donna à manger. Sur l’une des deux il y avait des belettes, sur l’autre, des souris, qui y vivaient en parasites. Atsina les en débarrassa. Lorsque la nuit arriva, il dormit entre elles et avec elles.

Atsina perça le sein de l’une de ces femmes du tuyau de ses blanches plumes, et elle conçut un fils qu’elle mit au monde. L’autre femme en fit autant.

  1. En lisant cette légende on ne peut s’empêcher de penser à ce passage de Jérémie, parlant de Moab, peuple de Loth :

    — « Donnez, donnez des ailes à Moab pour qu’il fuie d’un vol rapide ; et ses villes seront désertes et inhabitées. » Et plus loin :

    — « Le Seigneur dit : Voilà que je volerai comme l’aigle et que j’étendrai mes ailes sur Moab. »

    (Jérémie, xlviii, 9-40.)