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des dindjié ou loucheux

emportés à la cime des sapins, et y demeurèrent congelés et suspendus ; tous leurs animaux mêmes disparurent.

Quant à l’Enfant magique, après avoir pris le sang de la martre, les mitasses en peau déchirée, et la petite chienne blanche, il était parti pour la Lune, où l’on peut le voir encore, tenant d’une main la vessie, et sous l’autre bras sa petite chienne.

Après son départ, ses parents ne mangèrent que l’épaule droite des rennes qu’ils tuaient. Ils en taillaient la chair sans en briser les os, et ces os, il les plaçaient dehors dans une sacoche, et les épaules repoussaient d’elles-mêmes.

Pendant longtemps, ils agirent ainsi, vivant confortablement sans être obligés de chasser ni de tuer des rennes.

En ne mangeant jamais que de l’épaule de renne, l’os en demeurait toujours entier, l’épaule renaissait d’elle-même. On la coupait encore et de nouveau elle renaissait intacte. Mais, à la fin, les Dindjié se lassèrent de ne manger plus que de la chair d’épaule. Après qu’ils l’eurent mangée, ils en brisèrent les os, et ce fut fini, l’épaule ne repoussa jamais plus.

(Racontée par Emma Lebeau, femme dindjié, en 1870,
 au fort Bonne-Espérance.)