Page:Petrarque - Les Rimes de.djvu/167

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


SONNET CLXXXI.

Il engage Laure à chercher en elle-même la raison pour laquelle il ne peut pas l’oublier.

J’ai prié Amour, et je le prie de nouveau, de m’excuser auprès de vous, ô ma douce peine, ô mon amer plaisir, si, dans ma pleine bonne foi, je m’écarte de mon droit sentier.

Je ne puis nier, Madame, et je ne nie pas que la raison, qui tient en bride toute âme bonne, n’ait été vaincue par la passion ; aussi cette dernière me mène parfois en un lieu où il me faut la suivre par force.

Vous, avec ce cœur que le ciel illumine du plus clair esprit, de la plus haute vertu qui soient jamais tombés d’une bénigne étoile,

Vous devez dire, avec pitié et sans courroux : Celui-ci pouvait-il faire autrement ? Mon visage le consume ; c’est parce qu’il est avide de le voir et que moi, je suis si belle.


SONNET CLXXXII.

Les pleurs qu’il verse à l’occasion de la maladie de Laure, n’éteignent pas mais au contraire accroissent sa flamme.

Le sublime Seigneur devant lequel il ne sert à rien de se cacher, ni de fuir, ni de se défendre, m’avait allumé l’esprit d’un beau désir, avec une ardente et amoureuse flèche.

Et bien que le premier coup fût par lui-même âpre et mortel, pour avancer son entreprise, il a pris une flèche de merci et, deçà et delà, il m’en a attaqué et percé le cœur.

Une de ces plaies brûle et verse feu et flamme ;