Page:Petrone - Satyricon, trad. de langle, 1923.djvu/109

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était autrement grave et nécessitait une enquête, puisque, de l’une et l’autre part, il y avait présomption de vol.

Déjà le séquestre allait triompher, un homme au front chauve et couvert d’excroissances, un vague agent d’affaires qui plaidait quand il pouvait, avait pris possession du manteau et garantissait qu’il le présenterait le lendemain à l’audience. Il était du reste évident que tous ces coquins n’avaient qu’un but, se faire d’abord remettre le manteau, s’entendre ensuite pour l’étouffer entre complices, tandis que la peur de leurs accusations nous empêcherait de venir à l’audience. De notre côté nous faisions exactement le même calcul.

Le hasard combla les vœux des uns et des autres : le campagnard, indigné que nous le traînions devant les tribunaux pour un pareil chiffon, jeta la tunique à la tête d’Ascylte et, ayant ainsi coupé court à notre plainte, exigea qu’on mît en dépôt le manteau, qui seul désormais faisait l’objet du litige.

Ayant donc recouvré, selon toute apparence, notre trésor, nous rentrâmes au plus vite à l’auberge et, après avoir soigneusement fermé la porte, nous pûmes à loisir nous divertir du flair et des courtiers et de tous ces chicaneurs dont l’intelligente diplomatie n’avait abouti qu’à nous rendre notre argent.

Je n’aime pas, ce que je désire, l’obtenir de suite
Et, gagnée d’avance, la victoire me déplait.

Pendant que nous étions en train de découdre la tunique pour retirer l’or, nous entendîmes demander à l’hôtelier quels étaient les gens qui venaient d’entrer à l’auberge. Effrayé par cette question, je descendis pour savoir ce qu’il y avait, et j’appris qu’un huissier du préteur, qui avait pour fonction de faire inscrire les étrangers