Page:Petrone - Satyricon, trad. de langle, 1923.djvu/128

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Nous étions frappés également par des détails assez nouveaux : deux eunuques tenaient les deux bouts du jeu ; l’un portait un pot de chambre en argent et l’autre comptait les balles, non point celles qui étaient en mains et que les joueurs se renvoyaient, mais celles qui tombaient à terre.

Tandis que nous admirions tant de raffinement, arrive Ménélas : « Voilà celui, dit-il, chez qui vous souperez ce soir, et ce que vous voyez n’est que le prélude du festin. » Il n’avait pas fermé la bouche quand Trimalcion fit claquer ses doigts[1] : à cet appel, l’eunuque lui présente le vase, et sans arrêter le jeu, il décharge sa vessie, demande de l’eau pour ses mains, y trempe le bout des doigts et les essuie négligemment aux cheveux d’un esclave[2].

XXVIII. OU TRIMALCION, S’ÉTANT BAIGNÉ, RENTRE CHEZ LUI EN GRAND CORTÈGE

Il nous aurait fallu trop de temps pour tout noter : nous entrons donc aux thermes et aussitôt bien en sueur, nous passons aux bains froids[3]. Déjà Trimalcion, inondé

  1. C’est ainsi que les grands avaient coutume d’appeler. Dans Tacite, Annales xii, Pallas, accusé d’avoir conspiré contre Néron, avec plusieurs de ses affranchis, répond qu’il ne leur parlait jamais que par gestes de la tête ou de la main. Trimalcion, bourgeois parvenu, affecte donc ridiculement les grandes manières.
  2. C’est encore là un raffinement de riche élégant que s’est approprié Trimalcion.
  3. Les Romains passaient brusquement de l’eau chaude à l’eau froide, comme le prouve l’inscription que Sidoine Apollinaire avait mise sur ses bains : « Après un bain torride, entrez vite dans les flots gelés — Afin que l’eau, par le froid, resserre votre peau encore chaude. »