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L'ŒUVRE DE PÉTRONE

Trimalcion. Elle fut découverte par Pierre petit dans la bibliothèque du couvent de Trau et publiée pour la première fois à Padoue en 1664. Le nouveau manuscrit s’emboîtait également dans les précédents : il contenait en effet tout le Banquet, dont les premiers chapitres étaient déjà connus, et se raccordait ainsi au début avec la première partie des aventures d’Eumolpe. Il se raccordait aussi, à la fin, avec la deuxième partie de ces aventures le fragment de Trau rétablissait donc la continuité entre les deux fragments déjà connus[1]. C’était, en outre, un document du plus haut intérêt pour l’étude des mœurs et de la langue de la ville impériale.

Pourtant, son authenticité fut immédiatement contestée par les deux frères A. et Ch. Valois. Pierre Petit, sous le pseudonyme de Marinus Stabilius, défendit sa découverte et envoya le manuscrit à Grimani, ambassadeur de Venise à Rome, pour le faire étudier par les savants il fut établi qu’il datait au moins de deux cents ans. Un nouvel examen eut lieu en France, chez le grand Condé, et conduisit aux mêmes conclusions. Depuis lors, il fut communément admis, mais sans preuves décisives, que le Banquet était du même auteur que les Aventures d’Encolpe.

Nous aurons à revenir sur cette mémorable discussion. Bornons-nous pour l’instant à en souligner l’importance. Ce n’est pas pour le plaisir d’être pédant que nous avons ennuyé le lecteur de cette aride histoire de manuscrits si par hasard la solution qui a prévalu était erronée, si le Banquet était d’un autre auteur que les Aventures d’Encolpe et d’un auteur bien postérieur, toute la critique, toute l’interprétation de l’œuvre attribuée à Pétrone se trouverait faussée depuis 1664. Tout ce qu’on a écrit sur le style, sur le talent de l’auteur, sur la grammaire du Satyricon, sur les mœurs qui y sont décrites, sur le but même de

  1. Le Festin faisait partie du texte que Jean de Salisbury (1120-1180) avait sous les yeux, puisque celui-ci en mentionne un incident.