Page:Petrone - Satyricon, trad. de langle, 1923.djvu/196

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

j’ai tiré pour lui de mon cerveau fertile un nom superbe je l’appelle Dédale. Et, à cause de ses bonnes idées, je lui ai fait venir de Rome des couteaux en acier de Norique. »

Il les fit apporter aussitôt, les examina, les admira et nous donna finalement l’autorisation d’en essayer la pointe sur nos lèvres.

Sur ces entrefaites entrent deux esclaves qui se disputaient comme s’ils avaient eu une querelle à la fontaine en tout cas, ils portaient encore leurs cruches au cou. Trimalcion se mit en devoir de trancher leur différend. Au reste ni l’un ni l’autre ne voulaient rien entendre mais, au contraire, chacun d’eux frappe de son bâton la cruche de l’autre.

Scandalisés de tant d’insolence, nous regardions ce combat d’ivrognes, quand nous vîmes tomber des cruches des huîtres et des pétoncles aussitôt un esclave les ramasse, les met sur un plat et les fait circuler.

Pour ne pas être en reste de magnificence, l’ingénieux cuisinier nous apporte des escargots sur un gril d’argent, en chantant d’une voix affreuse et chevrotante.

J’ai honte de rapporter ce qui suivit : par un raffinement encore inconnu, des esclaves aux longues chevelures apportèrent des parfums dans un bassin d’argent, en frottèrent les pieds des convives, après les avoir en quelque sorte enchaînés de guirlandes depuis la cuisse jusqu’au talon. Le reste, ils le versèrent dans l’amphore à vin et dans les lampes.

Déjà Fortunata avait voulu danser ; déjà Scintilla, trop ivre, l’applaudissait du geste plutôt que de la parole, lorsque Trimalcion s’écria : « Philargyre et toi, Carrion, quoique tu sois un fameux champion des verts, je vous permets de vous asseoir[1]. Menophile, dis à ta femme

  1. Les cochers du cirque couraient sous quatre couleurs. Il y avait les verts, les bleus, les rouges, les blancs. Ces quatre équipes