Page:Petrone - Satyricon, trad. de langle, 1923.djvu/231

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que c’était l’homme qui semblait n’être que la succursale du braquemard. O le beau travailleur que ce doit être ! S’il entre en fonction aujourd’hui, il doit lui falloir jusqu’à demain pour en finir ! Aussi ne tarda-t-il guère à trouver de l’aide : je ne sais quel chevalier romain, un vieux vicieux à ce qu’on disait, le couvrit de son manteau et l’emmena chez lui, dans le but, je suppose, de se réserver le monopole d’une bonne fortune aussi copieuse. Tandis que moi, l’employé n’aurait pas même voulu me rendre mes habits si je n’avais trouvé un témoin pour dire qu’ils étaient bien à moi ! Tant il est plus avantageux de fourbir les aines que les cerveaux[1]. »

Pendant ce discours d’Eumolpe, je changeais sans cesse de visage les embarras d’un ennemi font notre joie, mais on se désole de tout ce qui lui arrive d’heureux. Toutefois, comme si j’étais étranger à toute cette histoire, je gardai un silence prudent et fis part à Eumolpe du menu.

‘ J’avais à peine fini qu’on nous servit ; nourriture, il est vrai, commune, mais savoureuse et substantielle, que notre docteur famélique se mit à dévorer.

Quand il eut le ventre plein, il commença à philosopher, déblatérant contre les imbéciles qui dédaignent ce qui est connu et commun pour ne priser que les raretés. ’

XCIII. OU GITON DONNE A SON GRAND AMI UNE LEÇON DE SAVOIR-VIVRE

« ‘ Pour une âme faussée ’, dit-il, est vil tout ce qu’il est permis d’avoir. Un esprit égaré par l’erreur n’apprécie que ce qui est interdit.

  1. Jeu de mots sur inguina, aines, parties sexuelles, et ingenia, esprits.