Page:Petrone - Satyricon, trad. de langle, 1923.djvu/260

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Ce qui, seul, met la beauté dans son lustre, ces cheveux sont tombés.
Cette parure de printemps, le sombre hiver l’a emportée.
Maintenant privées de cette ombre, tes tempes font triste mine.
Et l’aire brûlée rit de voir son chaume emporté.
O perfide nature des dieux ! Les premiers sujets de joie,
Que vous nous donnez dans la vie, sont aussi les premiers que vous nous ravissez.
Malheureux, naguère, tu étais fier de la toison,
Plus beau que Phébus, que la sœur de Phébus.
Maintenant, mieux rasé qu’un miroir ou que le champignon
Arrondi du jardin, qu’engendre une averse,
Tu fuis, tu crains les filles moqueuses.
Afin que tu saches bien combien vite arrive la mort,
Apprends que déjà une partie de ton chef a péri[1].

CX. HONTE ET DÉTRESSE D’ENCOLPE

Il allait continuer, semblait-il, et dire de plus grosses sottises encore, quand une servante de Tryphène, entraînant Giton à l’intérieur du navire, couvre sa tête nue d’une perruque de sa maîtresse. Puis, tirant d’une boîte une paire de sourcils, elle les colle si habilement aux endroits rasés que mon jeune ami recouvre du coup toute sa beauté. Tryphène retrouvait son Giton ; émue jusqu’aux larmes, elle l’embrasse de nouveau, et cette fois de tout cœur.

Je n’étais pas moins enchanté de voir le visage de l’enfant restitué dans son ancien éclat. Cependant, je me cachais le plus possible le visage. Je comprenais que la marque d’infamie traditionnelle ne me mettait pas dans un beau jour, puisque Lycas lui-même dédaignait de m’adresser la parole.

Mais cette même servante vint au secours de ma détresse ;

    Par une simple pression, l’appareil s’allongeait et le gluau allait joindre l’oiseau.

  1. Ces vers ingénieux, ainsi que ceux du chapitre 93 sur le luxe,
    sont peut-être les meilleurs de l’ouvrage, bien supérieurs à coup sûr aux deux grands poèmes d’Eumolpe.