Page:Peyrebrune - Le Roman d un bas bleu 1892.djvu/168

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tractions obligatoires. Ne craignez-vous pas que tant de tristesse n’embrume un peu votre imagination ? Prenez garde à devenir élégiaque. Il faut réagir. Allons, un peu de folie ! Laissez, pour un soir, rire votre jeunesse. Venez avec nous, et nous danserons jusqu’au matin, et vous serez grisée de bruit, de mouvement et d’hommages.

Que de conquêtes ! et combien de désirs vont flamber autour de vous ! Avouez que je suis généreux ! Mais je vous aime, et je voudrais vous voir accepter la vie crânement, avec ses devoirs et ses douleurs, soit ; mais aussi avec ses voluptés et ses joies. Vivre autrement, ce n’est pas vivre, c’est agoniser d’un bout à l’autre de son existence.

— Vous devez avoir raison, répondit rêveusement Sylvère ; mais on ne fait jamais tout ce que l’on voudrait et peut-être ce que l’on devrait faire.

— Qui vous en empêche ?

— Qui ? Je ne sais. Soi-même ; un instinct plus puissant que tous les raisonnements. Une sorte d’ordre éternel dont on porte la loi écrite au plus profond de son être.

— L’instinct est la loi des êtres primitifs, et nous sommes des individus extraordinairement perfectionnés.

— Vous croyez ? Je ne le sens pas. Je me trouve comme au début des balbutiements de la conscience. Et j’écoute murmurer la mienne avec des terreurs d’enfant.

— Oh ! la chère adorable petite conscience, et que je voudrais donc la voir pour y poser mes lèvres !

— Sceptique !

— Idéale !

— Nous voici partis à nous dire des gros mots