Page:Peyrebrune - Le Roman d un bas bleu 1892.djvu/297

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cha longtemps, cela l’occupait, un long peignoir de mousseline garni d’un peu de dentelle aux manches larges, très ouvertes et à la collerette plissée, retombante.

Cette robe dormait, depuis des temps lointains, au fond d’une malle et toute recouverte de très anciennes feuilles de roses-thé, qui l’avaient embaumée d’un doux parfum d’antan. Secouée en l’air, elle se défripa et répandit son odeur de fleur morte, un peu triste.

Il y manquait des points çà et là ! Sylvère s’assit près de la lampe, avec son dé, une aiguille, du fil ; et, tranquille, elle se mit à coudre, lentement, parfois arrêtée dans une songerie, la longue, longue robe, toute blanche qu’elle allait revêtir nuptialement.

Une illusion la berçait, dans ce travail modeste, ce raccommodage paisible, sous la lampe, en attendant l’époux, sans hâte, ni regret. Sylvère cousait, avec un regard pur et d’un geste calme comme elle aurait filé, tourné, vierge candide, autour d’un rouet le lin, le fin lin des suaires et des langes, en quelque obscur foyer. Car son âme simple gardait l’amour et le rêve des simplicités antiques.

Et Sylvère attendait un amant.

. . . . .

Maintenant elle a dépouillé sa robe noire, sa jupe noire, ses bas noirs. Et elle revêt la soie blanche et brodée de ses bas de grande soirée ; son corset de moire, ses longues jupes bien lissées, plissées, très attachées comme lorsque l’on danse. Et le cache-corset, lacé, et, enfin, la grande envolée de sa robe, qui l’enveloppe toute, comme d’une nuée, dorée, çà et là, par la dentelle rousse autour du cou et des manches ailées.

Elle sourit, parce qu’elle est très blanche et jolie, dans la glace où elle se regarde. Et, naïve, pas habi-