Page:Peyrebrune - Le Roman d un bas bleu 1892.djvu/66

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— Que voulez-vous dire ?… Quoi !… Ce n’est pas fini ?… Encore !… Encore !… Comme hier !…

— Fini ! vous êtes folle, ma chère ! mais tous les jours et toutes les nuits que le bon Dieu nous donnera, j’espère bien !…

— Tuez-moi donc tout de suite ! clama l’épouvantée, j’aime mieux mourir…

Et elle tomba toute raide, les bras tordus, la bouche ouverte, sans souffle.

Lorsqu’elle se réveilla, après une longue crise nerveuse, dans les bras de l’aïeule sanglotante, elle lui murmura, cramponnée à son cou :

— Grand’mère ! grand’mère ! pourquoi ne m’avez-vous pas dit la vérité ?

— Parce que tu ne te serais pas laissé marier, mon pauvre ange !

— Mais c’est bien mal à vous, grand’mère ; connaissant ces douleurs, vous auriez dû me les épargner.

— C’est que je ne les connaissais pas, ma fille !

— Quoi ! vous dites !… votre mariage ?…

— N’a été qu’une adorable félicité.

Sylvère bondit.

— Comment, vous aussi, vous parlez de bonheur en cet état… misérable !… Mais alors je suis folle, moi !… Ou bien, l’on me cache quelque chose encore ? Oui, je sens vaguement que la vie doit avoir d’autres mystères, plus doux. Il est impossible que le mariage et l’amour ce soit cela !… Tout ce qui vit autour de moi me le dit, me le crie : Le bonheur existe, mais où est-il ?

— Sylvère, il est dans le devoir. Ne l’oublie jamais ! Allons, ma fille, va retrouver ton mari qui est mécontent de toi, et sois bonne, aime-le…

La nuit d’été tout étoilée, tout embaumée, enveloppa le Parclet d’ombres et de rayons, de souffles et de