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52 PHÈDRE, FABLES.

Rome devant les centumvirs. D’odieux soupçons accablent l'innocente, parce qu'elle va entrer en possession des biens. Les avocats plaidèrent avec énergie la cause de l’innocence. Alors les juges, que l'obscurité de cette affaire embarrassait, prièrent Auguste d’éclairer, dans ce jugement, leur conscience. Ce prince, dissipant les ténèbres de la calomnie et découvrant la source de la vérité, prononça cette sentence : « Que l’affranchi, cause de tant de malheurs, en subisse le châtiment. Quant à cette femme privée de son fils et de son mari, je la crois plus à plaindre qu’à punir. Si ce père infortuné avait approfondi d’aussi fausses accusations, et adroitement cherché à découvrir l’imposture, il n’aurait point, par ce crime affreux, détruit entièrement sa famille.» Ne fermez point vos oreilles, mais ne croyez pas trop vite ; souvent ceux-là sont coupables, qu’on soupçonne le moins, tandis que la calomnie attaque les innocents. Cet exemple peut avertir les personnes trop simples, de ne point juger d’après l’opinion d’autrui ; car l’ambition divise les

Romamque perlraicrunt ad centumviros.

Haligna insontem deprimit suspicio,

Quod bona possideat. Stant patroni fortiter,

Causam tuentes innoccntis fcminx.

A divo Âugusto tune petiere judices.

Ut adjuvaret jurisjurandi fidem,

Quod ipsos error implicuisset criminis.

Qui postquam tenebras dispulit calumnine, Certumque fontem veritatis reperit : Luat, inquit, pœnas causa libertus mali. Namque orbam nato simul et privatam viro Miserandam potius, quam damnandam, existimo. Quod si delata perscrutatus erimina Palerfamilias essel, si mendacium Subtiliter limasset, a radicibus Non evertisset sceiere funesto domum.

Nil speriiat auris, nec tamcn credat statim : Quandoquidem et illi pïccant, quos minime putes, Et qui non poccant, irapugnantur fraudibus.

no : admonere simplices etiam polest, Opinione alterius ne quid pondèrent.