Page:Phèdre - Fables, trad. Panckoucke, 1864.djvu/94

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bien, » dit celui-ci ; puis, il donna un as, en ajoutant : Par Hercule ! je n’ai plus rien ; mais je vais te montrer qui peut te donner plus. Voici un homme puissant et riche qui vient de ce côté ; jette-lui aussi une pierre, et tu seras dignement récompensé.» Notre sot, persuadé, suivit ce conseil ; mais son impudente audace n’eut pas le même succès : car on le prit, et on le mit en croix pour sa peine.

FABLE VI

LA MOUCHE ET LA MULE

Une Mouche se posa sur un timon, et, gourmandant la Mule : « Paresseuse, lui dit-elle, ne peux-tu aller plus vite ? marche, ou je te perce le cou avec mon dard. » La Mule lui répondit : « Je ne m’émeus point de tes paroles ; mais je crains l'homme assis sur le siège de devant, et qui, armé d’un fouet flexible, me gouverne sous le joug et retient par le frein ma bouche écumante. Laisse donc là ta frivole arrogance ; car je sais quand il faut m’arrêter, et quand je dois courir.»

Tanto, inquit, melior. Assem deinde illi dédit, Sic prosecutus : Plus non habeo mehcrcule, Sed iinde accipere possis, monstrabo tibi. Venit ecce dives et potens ; huic similiter Impinge lapidem, et dignum accipies prxmium. Persuasus ille, fecit quod monitus fuit ; Sed spes fefellit impudentem audaciam : Comprensus namque pœnas persolvit cruce.

FABULA VI

IIUSCA ET MULA

5fusca in temone sedit, et Mulam increpant ; .

Quam tarda es ! inquit^ non vis citius progrcdi ?

Vide, ne dolone coUum compungani tibi.

Rcspondit illa : Verbis non nioveor tuis ;

Sed istum timeo, sella qui prima sedens

Jugum flsigello tempérai lento meum.

Et ora frcnis continet spumantibus.

Quapropter aufer frivolam insolenliam :

Namque, ubi strigandum, et ubi currendum sit, scio.