Page:Philippe - Marie Donadieu, 1904.djvu/17

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comme il ne portait pas de bretelles, sa femme avait tout juste le temps de dire :

— Tu es donc déjà au lit ?

Il avait fait deux grandes imprudences dans sa vie : il s’était marié à vingt ans parce qu’il avait le sang comme ça. Il avait choisi Alexandrine qui avait dix-sept ans, était bonne chez son père, le père Bourdon, et il cassa tout, au risque de suivre une folie. La seconde imprudence était autre : il acheta la maison délabrée d’un vieux rentier, la paya son prix, d’ailleurs, mais le jardin l’avait tenté. Il fit abattre et construisit une espèce de chalet à un étage sur lequel les maçons, les charpentiers et les plâtriers vécurent pendant dix-huit mois. Ce sont toujours les mêmes qui font bâtir. On disait dans le village :

— Basile Bourdon ne saura jamais se retenir.

Il était bien au lit, ayant marché toute la journée dans les champs. Chaque soir, il quittait ses gros souliers jaunes, reposait ses pieds dans des sabots et penchait la tête au coin du feu. La grand’mère demandait :

— À quoi que tu penses, Basile ?