Page:Philippe - Marie Donadieu, 1904.djvu/297

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avait un jeune homme au coin d’une rue. J’ai cru que c’était toi. Je me suis sauvée. Pendant deux jours j’ai attendu qu’on sonne.

— Ce n’était pas moi.

Elle dit :

— Est-ce que tu m’aimes encore ?

— Je ne sais pas.

Il la regarda.

Elle était tout autre. Ses deux joues blanches, chargées d’une autre blancheur, sous un givre léger, vêtues de poudre de riz, comme une chair fine et qu’il faut conserver. Elles étaient là, fragiles comme ce qui est à portée de la main. Il vit aussi ses lèvres. L’une et l’autre, passées au rouge, haussées d’un ton, parfumées, comme si à leur goût naturel on eût ajouté un bonbon. Puis les yeux bordés de noir, en souvenir de vous. Ne semble-t-il pas qu’on les enchâsse, qu’on les conserve, et que la lumière que vous y aviez mise est là, qui parle de votre gloire. Dieu ne s’est pas arrêté à la Terre, car, la voyant si belle, il créa par le monde d’autres Terres encore. Et vous…

— Tu es belle, Marie.