Page:Philostrate - Apollonius de Tyane, sa vie, ses voyages, ses prodiges, 1862.djvu/13

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voit par cet ouvrage, et par un autre, intitulé l'Héroïque, qui est un dialogue sur les génies ou les ombres des héros de la guerre de Troie. On a voulu en faire un sectaire. Parce que, au IVe siècle, un gouverneur de province, qui était en même temps un sophiste, Hiéroclès, a prétendu opposer la Vie d’Apollonius de Tyane aux Évangiles, et Apollonius lui-même à Jésus-Christ ; parce que, depuis, la polémique du XVIIIe siècle s’est servie des prodiges attribués à Apollonius de Tyane pour infirmer la foi aux miracles que proclame l’Église, on a fait remonter jusqu’à Philostrate la responsabilité de ces attaques. Nous avons combattu ailleurs[1] cette opinion : nous ne rentrerons pas ici dans cette discussion, mais nous croyons plus que jamais qu’on a fait trop d’honneur à Philostrate de lui attribuer une intention de polémique religieuse. Pour nous, ce n’est qu’un rhéteur à courte vue, et, en écrivant ce livre, il n’a songé qu’à faire œuvre de style, tout au plus à satisfaire une princesse et une époque préoccupées de merveilleux. Ne demandez pas à Philostrate ce qu’est pour lui Apollonius ; il n’en sait rien. On peut citer des passages tout à fait contradictoires : il fait entendre, ici qu’Apollonius est un dieu ; là, qu’il est un

    nous reste de lui plusieurs ouvrages fort utiles pour l’histoire des opinions, de la littérature et de l’art au IIe siècle de l’ère chrétienne : 1o la Vie d’Apollonius de Tyane ; 2o l’Héroïque ; 3o les Vies des sophistes ; 4o les Tableaux (description d’une galerie de tableaux, peut-être imaginaire) ; 5o des Lettres. Le goût de ce rhéteur n’est pas très pur ; mais il a de l’imagination, de la vivacité, de l’agrément, et sa langue n’est pas indigne d’un contemporain de Lucien. Sur les œuvres de Philostrate et celles de son, neveu, Philostrate le Jeune, voyez deux excellents articles de M. Miller, Journal des savants, octobre et décembre 1849.

  1. Nous demandons la permission de renvoyer à notre Histoire du roman dans l’antiquité (p. 213 à 230), plutôt, que de répéter ici ce que nous y avons dit de la Vie d’Apollonius de Tyane. Nous donnons du reste plus bas (p. XII, no 2) les autorités pour et contre cette opinion.