Page:Piétresson de Saint-Aubin - Promenade aux cimetières de Paris.djvu/134

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d’inscriptions douloureuses et instructives que des mères ou des époux inconsolables ont fait graver sur la pierre, pour indiquer l’endroit où repose la cendre de leur jeune fille ou de leur jeune époux. »

« Le cimetière du père La Chaise, situé à l’autre extrémité de Paris, et recevant principalement les habitans du Marais et du faubourg Saint-Antoine qui l’avoisinent, devait nécessairement avoir une autre population que celle du Champ du Repos. Car, dans ces quartiers, où les mœurs sont en général régulières et modérées, où la nature est rarement outragée par un régime ennemi de ses saintes lois, et contraire à son développement ; où toutes les classes de citoyens se livrent, à l’envi, à un travail assidu et bienfaisant ; où l’éloignement des spectacles, des bals et des autres rendez-vous de plaisirs, oblige les familles à ne chercher des délassemens que dans leur intérieur, ou à une courte distance de leurs foyers, où la mode inconnue ou dédaignée ne contraint personne à lui faire le sacrifice du prix de ses travaux et des fleurs de sa santé ; où tout le monde se retire, et va jouir d’un sommeil paisible et réparateur, quand ailleurs sortent les jeunes vierges et les jeunes épouses pour vaquer aux plaisirs, à l’insomnie, et souvent à l’ennui ; et enfin où règnent le silence et l’obscurité, quand, dans la chaussée d’Antin, le bruit des chars épouvante et réveille celui qui s’était abandonné aux douceurs de Morphée, et l’éclat des lumières s’efforce de lutter contre les ténèbres, les corps doivent conserver plus longtemps la vigueur de la santé, les maladies doivent être plus rares et moins dangereuses, la jeunesse doit arriver plus souvent saine et sauve à l’âge mûr, et l’âge mûr à la vieillesse, ce port naturel, et la fin de la vie humaine. »

Depuis quelque temps, cependant, on remarque aussi, dans le cimetière du père La Chaise, quelques noms qui rappellent et la jeunesse et la beauté enlevées par des morts pré-