Page:Pidansat de Mairobert - L’espion anglois, tome 1.djvu/17

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Le lendemain, tandis que M. Hor***** avec qui j’avois fait le voyage de Verſailles, étoit allé chez les Miniſtres, je fus promener dans le Parc & me livrer à toutes les rêveries que me ſuggéroit le ſpectacle confus des choſes que je voyois. Je m’enfonçois le long du Canal, lorſqu’un Seigneur diſtingué par les marques d’honneur dont il étoit décoré m’arrête, témoigne ſa ſurpriſe de me rencontrer m’appelle par mon nom & me comble de politeſſes. Je reconnois bientôt M. le Comte de M***** que j’avois eu l’honneur de recevoir en Hollande, & qui avoit eu la bonté d’en conſerver quelque reconnoiſſance. Après les premiers complimens, je lui fais part de la curioſité qui m’avoit attiré, & le prie de me ſatisfaire ſur beaucoup de queſtions. Il me répond très-obligeamment : « mais, ajouta-t-il, revenons, entrons dans un boſquet. Un mot lâché indiſcretement en ces lieux peut être trės-funeſte. » Je le ſuis alors, & nous étant mis à couvert des curieux & des jaloux, nous eumes une converſation très-intéreſſante que je ne puis mieux vous rendre qu’en rapportant notre Dialogue même, que j’écrivois ſur mes tablettes à meſure. Je déſignerai M. le Comte de M****** ſous le nom de Courtiſan, & moi ſous celui de l’Obſervateur. C’eſt lui qui me queſtionna le premier.

Le Courtisan.

Eh bien ! que dites-vous de la perſonne du Roi ?