Page:Pidansat de Mairobert - L’espion anglois, tome 1.djvu/8

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mon ſéjour à Paris me pourra fournir plus d’occaſions de feconder votre curioſité à cet égard. Vous ſavez que mon état & mes relations me mettent à portée de vous donner des vues plus sûres & plus intimes ſur une nation si intéressante pour toute l’Europe & pour le monde entier. D’ailleurs vous avez confiance en mon coup-d’œil & en ma perſpicacité. Je tranche le mot : vous me regardez comme propre à être votre Obſervateur. Quoique ce titre n’aille guère avec celui d’Anglois, je l’accepte, non comme un vil ſtipendiaire, mais parce que l’amitié annoblit tout.

Il eſt certain que nous ne ſavons rien, ou preſque rien, à Londres, de ce qui ſe paſſe à Paris, tandis qu’on eſt exactement inſtruit dans cette dernière Capitale de tout ce qui a rapport à l’autre. C’eſt que je vois ici une multitude de Gazettes, Journaux, Ouvrages périodiques, Compilations de diverſes eſpeces qui rendent compte, non ſeulement de nos mouvemens politiques, militaires, civils, généraux ou particulier, mais des détails intérieurs de notre vie privée, de nos Arts, de notre Littérature, lorſque chez nous, où il y a tant de papiers publics, on ne trouve pas une seule Gazette Françoiſe, & que les rédacteurs des nôtres, ſi avides en apparence des nouvelles d’une Nation rivale, ne les rempliſſent à cet égard que de fauſſetés, d’abſurdités, de coq-à-l’âne propres à rebuter les honnêtes gens, & ne peuvent être lues que par une populace ignare & groſſière.