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jules janin

M. Louis Ratisbonne, ancien collaborateur de l’illustre lundiste au Journal des Débats, prononça ensuite de touchantes et poétiques paroles. Voici un fragment de cette chaleureuse improvisation, que M. Cuvillier-Fleury a si bien nommée une belle ode !

J’ai été le dernier ami auquel Jules Janin a serré la main une heure avant sa mort, et je remplis le vœu de la personne qui l’a le plus aimé dans ce monde ; c’est mon excuse, c’est mon seul titre pour m’approcher de ce cercueil au milieu des illustrations qui l’entourent.
L’Académie, par une voix éloquente, a dit adieu au membre illustre qu’elle a perdu, qu’ont perdu les lettres françaises ; laissez-moi dire encore adieu à Jules Janin, un adieu plus humble, mais plus douloureux, au nom de ses amis en deuil, de cette famille de son cœur qui a vécu dans son intimité, qui a éprouvé l’homme, qui l’a chéri et le chérira à jamais.
Jules Janin n’a senti que les belles passions, et il aimait la renommée. Son âme doit sourire à un cortége comme celui-ci, applaudissement final de sa belle vie. Je l’entendais dire naguère d’un homme en pleine gloire, grand serviteur de son pays, qu’il avait délivré de l’étranger et tiré de sa ruine : « Quel bel enterrement il aura ! « Quel bel enterrement se préparait Jules Janin lui-même, simple écrivain, par la sympathie universelle qu’il avait su mériter et que nous voyons éclater aujourd’hui ! Quel retentissement les journaux ont