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jules janin
coup demandé à la fantaisie, aux hasards de la rencontre, à tous les buissons du chemin ; les buissons aussi lui ont beaucoup rendu. C’est un descriptif que M. Janin, qui vaut surtout par le bonheur et par les surprises du détail. Il s’est fait un style qui, dans ses bons jours et quand le soleil rit, est vif, gracieux, enlevé, fait de rien comme ces étoffes de gaze transparentes et légères que les anciens appelaient de l’air tissé. Ou encore ce style prompt, piquant, pétillant, servi à la minute, fait l’effet d’un sorbet mousseux et frais qu’on prendrait en été sous la treille… Et ne croyez pas que le bon sens manque à travers ces airs habituels de courir les champs et de battre les buissons… Quand M. Janin se mêle d’avoir du bon sens, il en a, et du meilleur, du plus franc.
… Jamais on n’a mieux parlé que lui de ces choses fugitives et rapides, qui pourtant ont été l’événement d’un jour, d′une heure, et qui ont vécu. Sur un brouillard du soir, sur un violoniste qui passe, sur une danseuse qui s’en va, sur une bouquetière qui meurt, il a écrit des pages délicieuses qui méritent d’être conservées… Il aime tant son métier et son art, il y est si bien dans son élément, que ce qui mettrait un autre hors de combat ne fait que le mettre, lui, plus en train et en haleine.

Un frère du lundi, auquel on doit des merveilles de style, Théophile Gautier, a ciselé en novembre 1871, dans la Gazette de Paris, un