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jules janin
à ciseler. Elle rend admirablement, par endroits, la verve attique, la fleur de gaieté, le rire brillant de son inimitable modèle. Son originalité est justement dans sa liberté. Ce n’est point par des calques pénibles que Jules Janin ressaisit la couleur et la vie du texte, mais par des équivalents qui sont des trouvailles… Avec quel feu il a traduit les odes amoureuses ! On dirait les merveilleux petits bronzes du musée de Naples, jetés dans un nouveau moule ; ils en sortent divins comme devant. S’il était donné à quelqu’un d’aller à Tibur, c’était à cet esprit aimable et cultivé entre tous.

M. Édouard Fournier, cet érudit de bon aloi[1], a salué également avec une sympathique déférence l’auteur des Petits Bonheurs :

Il écrivait à toute volée, sans un livre ouvert devant lui, sans rien qui pût faire le moindre poids sur son aile de papillon, sur sa plume de colibri… Comme tout l’amusait, il s’amusa même de sa goutte. Un jour qu’elle le faisait un peu moins souffrir, il fit son éloge ! Je ne crois pas que, depuis Scarron, l’on ait vu un impotent plus gai. Rire de son mal, c’est s’en guérir ; telle était la philosophie dont il faisait sa médecine.
  1. Jules Janin disait un jour, devant nous, à l’excellent éditeur Laplace, à propos d’un livre nouveau du critique de la Patrie : « Ce diable de Fournier, il sait tout ! Il ne sait que ça, mais comme il le sait bien ! » Et il riait, sincèrement heureux de louer un savant confrère qu’il estimait fort.