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jules janin
venait d’apparaître tout armé en guerre, prêt à la bataille et sûr de la victoire !
Vous aviez engagé pour lui votre parole, Lucrèce la dégagea.

Les traits les plus saillants du caractère de Jules Janin ont toujours été, incontestablement, l’ardent amour des lettres, auquel nous avons déjà rendu hommage, et (comme l’a si bien dit M. Louis Ratisbonne) son faible pour les vaincus. On sait quel culte il avait pour la famille d’Orléans. Personne non plus n’a oublié les pages admirables qu’il écrivit, dans son Histoire de la Littérature dramatique, à propos de l’exil de Victor Hugo. Et les vers émus et splendides que le grand poëte lui adressa de Guernesey, en guise de remercîment, restent aussi dans toutes les mémoires :

Je dormais, en effet, et tu me réveillas.
Je te criai : « Salut ! » et tu me dis : « Hélas ! »
Et cet instant fut doux, et nous nous embrassâmes ;
Nous mêlâmes tes pleurs, mon sourire et nos âmes.
..................
Et voilà qu’à travers ces brumes et ces eaux,
Tes volumes exquis m’arrivent, blancs oiseaux,
M’apportant le rameau qu’apportent les colombes
Aux arches, et le chant que le cygne offre aux tombes,