Page:Pierquin - Le Poème anglo-saxon de Beowulf.djvu/102

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Avec l’évolution de ces principes, et avec leur application aux détails de la vie publique, les regalia, ou droits royaux, deviennent plus nombreux et variés. Le roi est regardé comme le protecteur naturel de l’étranger qui n’est uni par aucun lien à la communauté, et qui n’attend que du roi seul, la garantie de sa liberté. C’est encore lui qui fixe la base des échanges ; avec le droit qu’il a d’appeler sous les armes, les hommes libres, il obtient le droit de vie et de mort sur ceux-ci, en temps de guerre ; c’est de lui qu’émanent toute justice et toute possession. La conservation de la paix et les nécessités des services publics, lui permettent de réquisitionner les services des hommes libres, pour recevoir et pour conduire les étrangers qui voyagent à travers le royaume ; il peut leur demander leurs chariots et leurs chevaux, pour transporter des matériaux ou des fourrages, jusqu’à son palais royal ; il a le droit d’exiger leur aide dans ses chasses ou dans ses pêches ; de faire entretenir par eux ses meutes et ses faucons, et nourrir sa suite. Comme chef de l’Église, le roi a une influence prépondérante sur l’élection des évêques ; c’est lui qui nomme le duc, le géréfa, et peut-être même, les membres du witena-gemót. Au surplus, il a le droit de renoncer à certaines attributions de sa charge, pour les confier à qui il lui plaît, dans les différents districts.

Il est certain que la plupart des prérogatives royales, furent à leur début, des usurpations. Mais il faut admettre, néanmoins, que même dans les périodes les plus reculées de l’histoire, les rois furent non seulement plus riches, mais encore de beaucoup plus puissants que les autres hommes libres. Ce résultat provient de ce que le roi a été le premier représentant de son peuple, tant à l’intérieur de son royaume, qu’au regard de l’étranger : un conseil populaire peut bien être consulté sur les termes généraux d’un traité, mais il