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Page:Pierre-Jean De Smet - voyages aux Montagnes Rocheuses.djvu/134

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VOYAGES

sans guide dans ce voyage de dix jours. Un Canadien qui devait faire la même route nous accompagna. On s’accoutume par degrés à braver les dangers ; pleins de confiance dans la protection de Dieu, nous cherchions notre chemin dans un pays où il n’y en a aucun de frayé, et nous étions guidés par la boussole à travers ces plages désertes, comme le nautonier sur le vaste Océan. Les habitants du fort avaient bien recommandé d’éviter la rencontre des Jantonnais, des Santees, des Ampapas, des Ogallalas, des Pieds-Noirs et des Sioux. Nous avions cependant à traverser les plaines qu’ils parcourent. Le troisième jour, un parti de Jantonnais et de Santees, qui se tenaient cachés derrière une butte, nous surprit à l’improviste ; mais bien loin de nous faire du mal, ils nous comblèrent d’amitiés, et après avoir fumé avec nous le calumet de paix, ils nous fournirent des provisions pour la route. Le lendemain nous rencontrâmes plusieurs autres partis qui nous témoignèrent tous la même amitié et les mêmes attentions ; ils nous donnèrent la main et nous fumâmes avec eux. Le cinquième jour nous nous trouvâmes dans le voisinage des Sioux-Pieds-Noirs, une tribu détachée des Pieds-Noirs des montagnes. Leur nom seul et la race dont ils descendent nous effrayaient ; nous marchions autant que possible dans les ravins, pour nous dérober à l’œil perçant des sauvages qui rôdaient dans les plaines. Vers midi nous nous arrêtâmes près d’une