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VOYAGES

ils se percent le sein, y passent des cordes de cuir, s’attachent au poteau, et font ainsi plusieurs fois le tour de la loge en dansant au son du tambour, chantant leurs exploits guerriers, et faisant tourner leurs massues au-dessus de leurs têtes. D’autres se font de fortes incisions sous l’omoplate, font passer des cordes à travers les plaies, et traînent deux grosses têtes de buffle sur une éminence, située à environ un mille de distance du village ; là ils dansent jusqu’à ce qu’ils tombent en défaillance. Une dernière offrande avant le départ consiste à se couper en différentes parties du corps de petits morceaux de chair qu’ils offrent au soleil, à la terre, aux quatre points cardinaux, pour se rendre favorables les Manitous, ou esprits tutélaires des différents éléments.

Le Sioux qui se querelle ou meurt dans un état d’ivresse, ou victime de la vengeance d’un compatriote, ne reçoit pas les honneurs ordinaires de la sépulture ; on l’enterre sans cérémonie et sans provisions. Expirer en combattant les ennemis de la nation est pour eux la mort la plus glorieuse. Les cadavres sont alors enveloppés de peaux de buffles, et placés sur des estrades près de leurs camps ou des grands chemins. J’ai tout lieu de croire, d’après plusieurs entretiens que j’ai eus sur la religion avec les chefs de différentes tribus, qu’une mission parmi eux aurait les résultats les plus consolants.

À mon arrivée au fort Vermillon, un parti de