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Page:Pierre-Jean De Smet - voyages aux Montagnes Rocheuses.djvu/162

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VOYAGES

bine, ce qui leur donne une grande supériorité sur leurs ennemis.

Parmi les chefs de cette peuplade, il s’est rencontré des hommes vraiment distingués sous plus d’un rapport : le plus connu de tous, parce que Bonneville en parle dans ses mémoires, s’appelait la Plume-blanche. L’auteur de la conquête de Grenade nous le représente d’une forme et d’un caractère tout à fait chevaleresques ; le fait est qu’il était doué d’une intelligence, d’une franchise, d’un courage et d’une générosité peu communes. Il avait connu particulièrement le Révérend Mr De la Croix, l’un des premiers missionnaires catholiques qui visitèrent cette partie de l’ouest, et il avait conçu pour lui et, par suite de leurs entretiens, pour toutes les Robes-noires, une profonde vénération. Il n’en était pas de même des ministres protestants, il méprisait également leurs personnes et leur réforme. Un jour que l’un d’eux lui parlait de conversion : « Se convertir, lui répondit ce philosophe sauvage, oui, c’est bon, pourvu qu’on ne change sa religion que contre une meilleure, Pour moi, je n’en connais de bonne que celle qui est enseignée et pratiquée par les Robes-noires ; si donc tu veux me convertir, il faut d’abord que tu laisses là ta femme, puis que tu endosses l’habit que je vais te montrer, ensuite nous verrons. » Cet habit était une soutane, autrefois à l’usage du Missionnaire, et qu’il y avait laissée avec le souvenir de ses vertus ; elle