Aller au contenu

Page:Pierre-Jean De Smet - voyages aux Montagnes Rocheuses.djvu/165

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
117
AUX MONTAGNES ROCHEUSES

ce qu’il avait les cheveux longs, disant (ce qu’on aurait pu deviner à la tristesse de son visage) qu’il avait perdu son fils. Je voudrais encore pouvoir vous rendre le sentiment d’étonnement respectueux et de compassion douce qu’on vit se peindre sur le visage de trois Kants venus à notre petite chapelle à Westport, lorsqu’on leur montra un Ecce Homo et une statue de Notre-Dame des Sept-Douleurs ; surtout quand l’interprète leur eut fait comprendre que cette tête, couronnée d’épines et qui versait de grosses larmes, était bien réellement l’image du Sauveur du monde, et que ce cœur percé de sept glaives était celui de sa Mère. Ces deux circonstances, jointes à ce que j’aurai occasion de rapporter plus tard, ne pourraient-elles pas venir à l’appui de cette belle pensée, que 1 âme de l’homme est naturellement chrétienne, et que si l’on commençait à y jeter des germes de foi pure et d’amour de Dieu bien entendu, il serait facile, avec le secours d’en haut, qui ne manquerait pas alors, d’amener les cœurs les plus féroces à la plus tendre compassion pour leurs semblables ? Qu’étaient les Iroquois avant leur conversion, et que ne sont-ils pas devenus depuis ? Pourquoi les Kants, et tant d’autres sauvages réunis sur les confins de la civilisation américaine, sont-ils si différents de plusieurs peuplades du Far West, et conservent-ils cette férocité de mœurs ? Pourquoi les dépenses faites en leur faveur par la philanthropie protestante n’amènent-elles aucun