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Page:Pierre-Jean De Smet - voyages aux Montagnes Rocheuses.djvu/217

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AUX MONTAGNES ROCHEUSES

et qu’on se trouvait presque en vue du Fort-Hall.

La veille du jour où les charrettes avaient quitté les fontaines à soude, je m’étais acheminé vers le fort, pour y prendre quelques arrangements nécessaires. J’étais accompagné seulement du jeune François-Xavier. Nous fûmes bientôt engagés dans un labyrinthe de montagnes. Vers minuit, nous atteignîmes le sommet de la plus haute chaîne ; mon pauvre guide, ne voyant, à la lueur d’un faible clair de lune, que des précipices affreux devant nous, se trouvait tellement embarrassé, qu’il tournait sur lui-même comme une girouette et s’avouait perdu. Ce n’était ni l’endroit ni le moment d’errer à l’aventure ; je pris donc le seul parti qui nous restait, celui de desseller mon cheval et d’attendre le soleil pour nous tirer d’embarras. M’étant d’abord recommandé à Dieu, puis enveloppé dans ma couverture, la selle me servant d’oreiller, je m’étendis sur le roc, et ne tardai pas à y faire un bon somme. Le lendemain, de grand matin, nous descendîmes entre deux rochers énormes par une petite crevasse que l’obscurité de la nuit avait dérobée à notre vue, et nous arrivâmes bientôt dans la plaine qu’arrose le Port-neuf, tributaire de la Rivière-aux-serpents. La région que nous parcourûmes ce jour-là au grand trot et au galop présentait partout, sur un espace de cinquante milles de chemin, des restes évidents de convulsions volcaniques ; nous y remarquâmes dans toutes les directions des monceaux de débris de lave. Dans toute sa lon-