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Page:Pierre-Jean De Smet - voyages aux Montagnes Rocheuses.djvu/254

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VOYAGES

se montrer un moment après, l’un à droite et l’autre à gauche ; ailleurs un cheval abordant seul au rivage ; plus loin deux cavaliers ensemble sur la même monture ; enfin le bon frère Joseph et son cheval faisant le plongeon, le P. Mengarini faisant chose une et indivisible avec le cou du sien ; et au milieu de la bagarre un seul mulet noyé ; il appartenait à celui de nous tous qui avait montré le plus de dévouement pour sauver et montures et cavaliers. En reconnaissance, la caravane, s’étant cotisée, lui fit présent d’un autre mulet.

Vous vous rappellerez que dans une de mes lettres précédentes, parlant de notre arrivée sur les bords de la Rivière-aux-serpents, je disais que là nous attendaient un grand danger et une bonne leçon ; je pourrais ajouter, et de beaux exemples. Cette rivière, beaucoup moins large, et, au gué que nous traversions, moins profonde que la Platte, ne pouvait être dangereuse que pour des gens inattentifs. Ses eaux étaient si limpides, que partout on pouvait en voir le fond ; il n’y avait donc rien de plus facile que d’éviter les encombres ; mais soit inadvertance ou distraction, soit désobéissance de l’attelage, la charrette du frère Charles se trouva tout à coup sur la pente d’un roc et déjà trop avancée pour pouvoir reculer : mulets, voiture et voiturier, tout fit la culbute, et malheureusement dans un trou assez profond pour ne laisser aucune espérance de salut, si d’un côté notre chasseur ne se fût jeté à la nage, au risque de la vie, pour aller