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Page:Pierre-Jean De Smet - voyages aux Montagnes Rocheuses.djvu/299

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AUX MONTAGNES ROCHEUSES

ou couches graduelles, jusqu’à ce qu’elles se perdent dans les hautes montagnes couvertes de neiges. Le lac a environ trente milles en longueur et quatre à sept en largeur.

Un autre spectacle, plus magnifique encore, nous avait frappés avant d’arriver au lac. La partie de la forêt qui l’avoisine est dans son genre une véritable merveille : les sauvages disent que c’est la plus belle de l’Orégon. Il serait, en effet, difficile de trouver ailleurs des arbres aux proportions plus gigantesques. Du milieu des bouleaux, des aunes et des hêtres, qui n’y ont pas moins de deux brasses de circonférence, le cèdre dresse sa tête altière et les surpasse tous en grandeur. J’en ai mesuré un qui avait quarante-deux pieds de périmètre ; un autre, qui se trouvait à terre, offrait deux cents pieds de long sur quatre brasses de grosseur. Les branches de ces colosses s’entrelacent au-dessus des hêtres et des bouleaux, et leur beau feuillage forme une voûte si touffue que les rayons du soleil ne pénètrent jamais à leur base, tapissée de lychnis et d’autres plantes vertes : à voir sous ce dôme toujours vert les troncs s’élancer par milliers comme autant de colonnes majestueuses, on dirait un temple immense élevé par la nature à la gloire de son Auteur.

Nous entrâmes sous ce dôme magnifique épuisés de fatigue : pendant une demi-journée nous avions escaladé dans la forêt les flancs d’une haute montagne par un sentier si affreux, qu’à plusieurs