Aller au contenu

Page:Pierre-Jean De Smet - voyages aux Montagnes Rocheuses.djvu/307

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
259
AUX MONTAGNES ROCHEUSES

mité d’un grand nombre de tribus sauvages : les Cœurs-d’alène, les Spokanes, les Chaudières, les Simpoils, les Kootenays, les Gens-du-lac, les Nez-percés et plusieurs autres, ne sont guère qu’à deux ou trois journées de marche de là. Enfin le fort Colville n’en étant distant que d’une forte journée, on aurait la plus grande facilité de s’y pourvoir de vivres, d’outils et d’objets d’habillement.

Le 13, nous mîmes huit heures à traverser une haute montagne couverte de neige. Le soir, à peine étions-nous campés sur le bord d’un petit ruisseau qui se jette dans le fleuve Columbia, que nous reçûmes la visite de plusieurs Kalispels. Je fus agréablement surpris de la permission que l’un d’eux vint me demander. « J’arrive de la chasse, me dit-il, où j’ai tué un chevreuil : il est maintenant trop tard pour aller le chercher, et demain c’est le jour du Grand-Esprit (dimanche) : me permettriez-vous, Robe-noire, de l’emporter chez moi demain, car mes petits enfants sont à jeun ? » Leçon admirable pour les chrétiens d’Europe ! Ce sauvage n’avait vu un prêtre qu’une seule fois de sa vie ! Un autre me fit présent d’une oie qu’il avait tuée, un troisième me présenta un petit panier rempli de kamath. Je passai le dimanche avec eux, à leur grande satisfaction.

Le lendemain dans l’après-dînée nous nous rendîmes au fort. Nous y passâmes trois jours pour arranger nos selles, et emballer nos vivres et nos semences. Partout où l’on rencontre les messieurs