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Page:Pierre-Jean De Smet - voyages aux Montagnes Rocheuses.djvu/333

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AUX MONTAGNES ROCHEUSES

tenant à la main le flambeau allumé, symbole de leur ardente charité !

Je ne parlerai pas de leur exactitude à se rendre aux instructions, de leur avidité de la parole divine, du profit sensible que la peuplade en retira : tout cela est ordinaire dans le cours d’une mission ; mais ce qui ne se voit que rarement, ce sont les sacrifices héroïques qui ont été faits. Plusieurs avaient deux femmes ; ils ont gardé celle qui avait le plus d’enfants et renvoyé l’autre avec tous les égards possibles. Un soir, l’un d’eux vint trouver le Père dans la loge qui était en ce moment remplie de sauvages ; là, sans respect humain, il exposa sa situation, demanda conseil, et fit à l’instant ce qu’on lui conseilla : il renvoya la plus jeune de deux femmes qu’il avait eues, lui donnant ce qu’il aurait souhaité qu’un autre en pareille circonstance eût donné à sa sœur ; puis il se remit avec la plus âgée, qu’il avait quittée. À la fin d’une instruction, une jeune femme demanda à parler, et déclara publiquement qu’elle désirait ardemment de recevoir le baptême, mais que jusqu’alors elle avait été si méchante, qu’elle n’osait pas le demander. Tous auraient voulu faire leur confession en public. Un grand nombre de jeunes mères, mariées à la façon des sauvages, et abandonnées de leurs maris qui n’étaient pas des Têtes-plates, y renoncèrent à jamais de tout leur cœur, pour avoir le bonheur d’être baptisées. Voici comment s’y prit une femme déjà âgée pour déter-