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Page:Pierre-Jean De Smet - voyages aux Montagnes Rocheuses.djvu/357

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CHEZ LES TRIBUS INDIENNES

ce n’étaient pas des Pieds-noirs, mais des Ranax, sauvages moitié amis, moitié ennemis des Têtes-plates, et par là même, comme on le verra plus tard, plus à craindre que des ennemis déclarés. Lorsque Michel arriva, le camp de ces gens était réuni au nôtre. Leur chef et Michel ne se connaissaient que trop, pour s’être trouvés dans une affaire où Michel, indignement trompé et attaqué par un village entier des Ranax, ne s’était sauvé lui et les six hommes qui l’accompagnaient, qu’en tuant le frère du chef Ranax avec huit de ses gens. Néanmoins ils se donnèrent la main en notre présence, et se séparèrent le lendemain sans faire semblant de rien. J’eus avec le chef Ranax une conférence touchant la prière. Il écouta très-attentivement ce que je lui dis, et promit de faire, chez les siens, ce que les chefs Têtes-plates faisaient chez les leurs.

Le 30, après avoir serpenté dans une gorge de montagnes à laquelle nous donnâmes le nom de défilé des Pères, nous avançâmes dans une large plaine, à l’horizon de laquelle se trouvait du côté de l’ouest le camp des Têtes-plates. À mesure que nous en approchions, on voyait se succéder, de loin en loin, de nouveaux courriers. Déjà s’était présenté Stietlietloôdzo, surnommé le brave des braves, distingué des autres par un grand cordon rouge. Bientôt apparut un autre sauvage à haute stature, accourant vers nous à toute bride ; en même temps des voix s’écrièrent : Paul ! Paul ! Et