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Page:Pierre-Jean De Smet - voyages aux Montagnes Rocheuses.djvu/388

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UNE ANNEE DE SÉJOUR

territoire de l’Orégon. En général les eaux de cette immense contrée sont dangereuses pour la navigation ; on ne s’y hasarde guère qu’avec des hommes d’expérience. En descendant la Rivière-à-Clarke, nous passâmes par plusieurs endroits très-périlleux, où les pilotes ne manquèrent pas de donner des preuves de leur dextérité. Des courants d’une vitesse de dix à douze milles à l’heure se brisent contre les rochers qui se dressent dans le lit du fleuve ; l’eau se soulève, bouillonne et mugit comme les vagues d’une mer en tourmente. Le pilote adroit fend la vague qui le menace, l’esquif s’élève sur les flots, et des coups de pagaie, donnés à propos, le font serpenter sans risque au milieu de mille écueils.

L’endroit le plus remarquable de la rivière Spokane est ce qu’on appelle les Cabinets. Deux montagnes rocheuses très-élevées y resserrent la rivière dans un lit de trente à quarante pieds de large, formé en zigzag à peu près comme les angles de la foudre qui sillonne les nues : les flots s’y précipitent avec une rapidité vertigineuse, et se brisent avec fracas contre les flancs des deux montagnes. Il faut beaucoup d’adresse, d’activité et de présence d’esprit pour piloter dans ces endroits. Le voyageur qui les traverse n’a guère le temps de les examiner : le passage de chacune des quatre crevasses se fait en une demi-minute. La terre des Spokanes est sablonneuse, graveleuse, et peu propre à l’agriculture ; la partie que