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CHEZ LES TRIBUS INDIENNES

Jésus-Christ crucifié suspendue au cou de plus de quatre mille Indiens ; et le plus petit enfant de nos catéchismes lui dirait : « M. Parker, c’est Dieu seul et non la croix que nous adorons ; cependant ne la brisez pas, car elle nous rappelle qu’un Dieu est mort sur la croix pour nous sauver. »

Au commencement de mai, j’arrivai au fort Colville sur le fleuve Columbia. La fonte des neiges commença de bonne heure cette année ; les torrents des montagnes débordèrent, et les petites rivières, qui serpentaient paisiblement dans les vallées au mois d’avril, quittèrent soudainement leurs lits, et, s’emparant de tous les bas-fonds, prirent les apparences de grands fleuves et de lacs. Cet accident imprévu rendit mon voyage par terre à Vancouver absolument impossible, et me détermina à attendre, au fort, qu’on eût construit des berges pour voyager sur le fleuve : elles ne furent prêtes que le 30 du même mois.

Pour utiliser mon temps, je me rendis chez les Skuyelpi ou Chaudières, qui résident dans le voisinage du fort ; et aussitôt mon arrivée, je me mis à traduire les prières dans leur langue. Ce fut l’affaire d’un jour, cette langue n’étant qu’un dialecte peu différent de celles des Têtes-plates et des Kalispels. Tous, vieux et jeunes, accoururent aux instructions et s’appliquèrent assidûment à apprendre les prières. J’ai baptisé tous ceux des petits enfants de cette tribu qui ne l’étaient pas encore,