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Page:Pierre-Jean De Smet - voyages aux Montagnes Rocheuses.djvu/440

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TRADITIONS, MOEURS ET COUTUMES

couleur et de toute espèce voltigeaient de tous côtés. La pauvre mère retourna donc toute consolée chez elle..... Elle est depuis venue me voir pour se faire instruire dans notre sainte Religion et pour faire baptiser ses deux petites filles.

Dès qu’un sauvage désire se marier, il manifeste son inclination en jouant d’une espèce de flûte, le popokwem ; il rôde par tout le village, et donne souvent des sérénades devant la cabane de celle qu’il souhaite pour compagne. Dès que la jeune fille consent à l’épouser, les parents ou les frères fixent le prix : il faut qu’il donne à chacun d’eux un cheval, ou bien quelque autre objet de valeur, et on lui remet la fiancée. La plupart cependant, sans consulter les inclinations de leurs filles, les vendent à qui bon leur semble : elles y sont tellement habituées, qu’il est rare qu’elles murmurent ou qu’elles se plaignent. La femme d’un sauvage est vraiment une esclave. Ils disent que le Grand-Esprit (Kchemmito), dans un conseil qu’il tint avec leurs aïeux, décida « que l’homme protégerait la femme et ferait la chasse aux animaux ; que tout le reste serait à la charge de la femme : » et ils se tiennent scrupuleusement à cette décision. La femme donc est seule chargée de tous les travaux du ménage ; elle lave, raccommode, fait la cuisine, bâtit les cabanes, laboure et ensemence les terres, coupe le bois, etc. ; aussi paraît-elle vieille à l’âge de trente à trente-cinq ans. Pour les hommes, à la réserve des chasses qu’ils font de