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LE JOURNAL

Oh ! que ces mêmes mots, que je ne puis écrire sans frémir de dégoût, doivent être doux dans la bouche d’une personne que l’on aime. Une douleur nouvelle s’ajouta à la mienne : le regret de ce bonheur auquel j’avais volontairement renoncé. Dire que j’aurais pu être heureuse, comme d’autres.

— Raymonde, Raymonde ! murmurait-il, le visage tuméfié, les yeux injectés de sang.

Il s’était approché de moi et, soulevé sur un coude, il me contemplait comme une proie.

— Raymonde !… cria-t-il, frémissant.

Il eut un rire joyeux, comme un rire de triomphe, et ses yeux brillèrent d’un éclat étrange, du même éclat que le soir, là-bas, dans le bois…

Alors… Non, ma plume indignée se refuse à décrire ce qui se passa. Oh ! le souvenir de cette scène ne s’effacera jamais de ma mémoire. Toujours, je verrai cet homme, que la passion avait fait une brute, se ruer sur moi, m’étreindre !… Toujours, je garderai sur mes lèvres l’horrible brûlure de son baiser de feu !…

Voilà donc ce que l’on me cachait ! Voilà donc ce qu’ils appellent le droit du mari ! Ha !