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D’UNE FEMME DU MONDE.

cette nouvelle rien qui m’étonne ; j’ai toujours considéré ce mariage comme déplorable. Jacqueline avait tout ce qu’il faut pour séduire, la beauté, l’élégance, l’esprit. M. de Clarance n’a pas soupçonné l’abîme que couvraient ces charmes, et ne s’est pas aperçu que cette jeune fille, alerte et gracieuse, ne possédait aucune des qualités profondes qui font la femme honnête et sérieuse. J’ose avancer, sans médire de Jacqueline, qui eût peut-être rendu très heureux un jeune homme chez lequel elle aurait retrouvé sa nature primesautière, que M. de Clarance méritait mieux, beaucoup mieux, et qu’elle est indigne de lui.

Décidément, la Fortune fait bien mal les choses, surtout les mariages. Qui sait ! Peut-être un mari comme le mien eût convenu à cette femme : avec le sien, j’aurais certainement connu le bonheur.

Paris, 3 juillet.

Ce jour qui s’achève marquera dans ma vie. Depuis mon mariage, c’est le premier dont le souvenir me restera immortel et cher.