Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/17

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
15
D'UNE FEMME DU MONDE.

pas terminer aujourd’hui ce pèlerinage, mais je tenais à Je commencer tout de suite.

Ma première visite fut pour les écuries qui se trouvent, cachées sous un bouquet de verdure, derrière le château. Elles sont très belles et très spacieuses ; elles ont été construites par mon père ; quoique à cette époque je fusse toute petite, je me le rappelle fort bien, parce que je dérobais aux ouvriers des briques pour construire une maison à mes poupées, toujours sous le grand sapin, mon endroit de prédilection, et qui abrita, pour ainsi dire, toute l’histoire de mon enfance.

Je suis entrée.

Oh quelle tristesse m’a saisie !

Que de vides !… Que de stalles, que de box déserts !…

Ce n’est plus comme autrefois, alors qu’une armée de lads et de garçons d’écurie courait, criait, jurait, parmi les hennissements et les piaffements des chevaux.

Il y a bien encore au-dessus de chaque râtelier de petites plaques de cuivre sur lesquelles se détachent des noms de chevaux, mais ceux qui portaient ces noms, dont quelques-uns furent fameux, n’y sont plus. Avec ses grands frères lui aussi s’en est allé mon