— Où voulez-vous aller ?
— N’importe ! j’étouffe ici. Allons prendre l’air.
J’étais vêtue d’un domino noir ; lui, était en Marino Faliero. Nous traversâmes les salons, nous frayant à grand’peine un passage parmi les couples qui valsaient et se heurtaient à nous à tous moments. Nous descendîmes un grand escalier de pierre et nous nous glissâmes, à la barbe de grands hallebardiers, appuyés sur leurs piques, à moitié endormis, jusqu’au perron qui s’avance sur le canal.
Ces allures de fuite mystérieuse, dans ce décor romanesque, me plaisaient.
Un groupe de gondoliers sommeillait sur les marches. Quelques-uns se réveillèrent à notre approche et, s’étant levés, s’approchèrent de nous, leur bonnet à la main.
— Illustrissimo signor ! signora !
Et ils nous désignaient du doigt les gondoles amarrées.
Je regardai Roger.
— Vous voulez ? dit-il, c’est audacieux. Si on nous voyait à cette heure, tous les deux, dans une gondole !
Pour toute réponse, je posai sur mon