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D'UNE FEMME DU MONDE.

Oui, j’eus honte. Lui, si grand, si noble, il allait croire à une faiblesse de ma part ; il allait me mépriser. Oh ! jamais, non jamais, l’aveu fait, il ne me serait plus possible de soutenir son regard. Par l’effet d’un étrange jugement sur moi-même, je me trouvais, moi qui me savais innocente et pure malgré tout, je me trouvais flétrie, petite, vile à côté de lui.

Je fus alors sur le point de crier :

— Partez, partez, mon amour adoré ! Partez sans me demander d’explication ! Sachez seulement que je ne suis plus digne de vous, que je ne suis plus digne de votre amour !

Mais le trouble auquel j’étais en proie était trop violent pour me permettre de prononcer une parole : il était d’ailleurs, malgré mes efforts pour le dissimuler, si visible, que Roger le remarqua :

— Comme vous êtes pâle et défaite aujourd’hui, Raymonde ! Seriez-vous plus malade ?

— Non.

— Si. Vous souffrez. Vous avez quelque chose, quelque contrariété, je le vois bien, je le sens.

— Non.

— Raymonde, vous me cachez la vérité !